Percé par la brise, son corps dépasse de la cabine, il fume, le menton engoncé dans le cou, sa première cigarette. Les voyageurs des autobus le fixent mollement. Le combiné arachnéen, déchaussé de l’appareil, pend au-dessus de sa tête. Il repense à la théorie du pique-nique que sa première petite amie, pas plus haute qu’un enfant, avait entrepris de lui dire à l’oreille. Elle s’était hissée, dès leurs premiers jours, à la hauteur de ses pamphlets. Les mots qu’il faisait tomber un à un auraient tourmenté un linge, un chant d’obus tour à tour proche et lointain. Il poursuivait des études sans paroisse et la société qui ne finissait pas ses phrases le lui reprochait. Des décennies qui se dessinaient sans qu’il lui ait été possible de les ignorer, il avait pétrifié l’expérience pour celle, impalpable, de la rue. Tu es dingue lui disait-elle, la literie est une invention du sommeil et la contrainte celle de l’amour. Et tout s’inverse car lorsque tu bois tu penses t’abreuver, et ce que nous mangeons brûle aux sons de nos voix, ne comprends-tu pas que les mouches nous offrent le spectacle de la vie ?
Banc à vapeur minéral, de Viviane Ingerawood, vingt-sept euros les deux.
5 novembre 2011
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire